Lettre à ma mère - Georges Simenon

Omnibus
Collection Carnets
1974

La coïncidence veuille que je lise "Lettre à ma mère" juste après avoir fini "Trois jours chez ma mère" de Weyergans. Et que cette lettre de Simenon à sa mère finisse dans ma bibliothèque aux côtés de "Lettre au père" de Kafka. Cette lettre, c'est celle qu'écrit l'auteur des Maigret à sa génitrice décédée depuis trois ans en 1974. Son dernier écrit également, avant qu'il ne s'éteigne en 1989. Cette lettre raconte ce que Simenon a ressenti lorsqu'il a rendu visite à sa mère à l'hopital alors qu'elle allait mourir. Il la raconte mais à travers elle, il se raconte aussi. Un texte court mais très fort émotionnellement.

Trois jours chez ma mère - François Weyergans

2005
Gallimard

Prix Goncourt 2005, "Trois jours chez ma mère" de François Weyergans est certainement l'un des très beaux livres que j'ai pu lire cette année. L'auteur y raconte comment son personnage François Weyergraf échoue à écrire son livre "Trois jours chez ma mère" avant que ce personnage double de l'auteur s'invente lui-même un double écrivain, François Graffenberg. Cette histoire, c'est donc l'histoire d'un écrivain, mais c'est surtout une belle déclaration d'amour et de tendresse à sa mère. Weyergans écrit qu'au delà de la mère de quatre vingt dix ans du roman, c'est à la jeune femme qui allait le mettre au monde que ses personnages - et lui-même, écrivent. Un roman sensible et doucement triste, sans réelle action, à placer à côté des livres de romanciers qui se racontent vivre et écrire, mais de la plus belle façon du monde, sans name-dropping ou peopolisation.

7 millions de travailleurs pauvres - Jacques Cotta

Octobre 2006
Fayard

Déjà un an que ce livre est sorti. J'entends encore les politiques utiliser le chiffre de 7 millions pour polémiquer. Triste ou pathétique. Sous-titrée "la face cachée des temps modernes", ce livre est un autre livre nécessaire à lire pour mieux comprendre la situation économique et sociale de notre pays. Relativiser les richesses et les pauvretés et se donner les moyens de comprendre la vie de 7 millions de nos concitoyens. En un an, pas grand chose n'a changé. N'empêche... si le livre ne propose pas de solution, il présente au moins les problèmes par l'exemple, préalable à un prémice de solution. Où l'on voit qu'avant de parler d'heures supplémentaires, il serait peut-être nécessaire de parler d'emploi à temps plein. Avant de parler de pouvoir d'achat, de parler de dignité. Livre utile donc, même s'il n'a pas pu percé autant que le "pacte écologique" lors de la campagne présidentielle du début d'année. Loin des préoccupations des bobos et autres metteurs en scène de la pauvreté, trop occupés à distribuer des tentes à ouverture rapide ?

Les religions meurtrières - Elie Barnavi

Collection Café Voltaire
Flammarion
Novembre 2006

Voilà un livre nécessaire pour quiconque prétend vouloir comprendre la place de la religion dans la violence mondiale actuelle. Une vision d'un non occidental, en l'occurence Elie Barnavi, ancien ambassadeur d'Israël en France, professeur d'histoire. Barnavi développe neuf thèses qui permettent de mieux comprendre ces "religions meurtrières" mais également comment la notion de laïcité perd tout son sens hors d'Occident. Parmi les thèses développées, notons : "religion est un mot valise", "toute religion est politique", et l'importante conclusion démontrée tout au long du livre : "contre le 'dialogue des civilisations''', une position qui paraît difficile à défendre au prime abord. L'essai a en plus l'avantage de bien se lire, sans tomber dans le piège d'un name-dropping de termes trop pointus à comprendre.

Sandworms of Dune - Brian Herbert et Kevin J. Anderson

Hodder et Stoughton
Septembre 2007

En finissant "Sandworms of Dune", c'est presque quinze ans de "Dune" que je laisse derrière moi. Un livre qui aura fait rêver mon imaginaire, qui aura sans doute motivé, en partie, mon voyage dans le désert, en Mauritanie. "Sandworms of Dune" clôt en effet la saga Dune, dernier volume après "Hunters of Dune", des deux mêmes auteurs.

C'est la fin mais comme pour "Hunters of Dune", c'est plutôt un raccrochage aux préquelles qu'une finalisation de l'oeuvre magistrale de Frank Herbet. On a d'ailleurs du mal à croire que le grand romancier voulait nous emmener là.

Le livre est finalement une grande déception. Les deux comparses usent et abusent des gholas, de vieilles recettes reprises une nouvelle fois... une longue agonie de l'oeuvre qui ne méritait pas cela. Quelques détails sur le passé sont aussi placés ça et là dans le livre mais ne valent pas vraiment le détour (lire plutôt "The Road to Dune" beaucoup plus instructif !).

Gardons nous donc de lire la suite de "La Maison des Mères" et construisons nous mêmes la fin de Dune. Quant aux six préquelles, elles sont encore lisibles même si elles n'apportent pas grand chose à l'histoire.

L'an I de l'ère écologique - Edgar Morin

Collection Histoires d'aujourd'hui
Editions Tallandier
Février 2007

Lu pendant la campagne présidentielle de mai 2007, ce livre compile des articles publiés sur trois décennies par le philosophe Edgar Morin. L'article éponyme était daté de 1972 mais il n'est plus que jamais d'actualité. Sous-titré "la Terre dépend de l'homme qui dépend de la Terre", l'ouvrage permet de découvrir une vision remarquable de la conscience écologiste. Trois ou quatre grandes idées peuvent être retirées de cette lecture... qui s'avère nécessaire (ce serait trop facile de les donner ici). Le recueil se termine sur un entretien entre Edgar Morin et Nicolas Hulot, "l'impératif écologique", qui, sans être transcendant, est intéressant. Un fort bel ouvrage sur la nécessité de la conscience écologique, quelle qu'elle soit. A lire et à méditer.

Le tao de Pooh - Benjamin Hoff

Editions Picquier
1982

Winnie the Pooh, c'est notre Winnie l'Ourson à nous autres francophones. Le Winnie qui se balade avec ses amis Bourriquet, Coco Lapin, Porcinet et Maître Hibou. Et comme les Peanuts de Charles M. Schulz racontent plus que l'histoire d'un chien, Snoopy, et de son maître, Charlie Brown, Winnie the Pooh peut desservir d'autres causes. C'est ici les principes du taoïsme qui nous sont expliqués. Et comme l'auteur le dit lui-même par une ancienne maxime taoïste, "un voyage de mille lieues commence par un seul pas". Il faut donc foncer faire ce pas pour découvrir ce petit bijou littéraire.

Aider, sauver : pourquoi, comment ? - Rony Brauman

Collection petite conférence
Editions Bayard
Octobre 2006

Rony Brauman, ancien président de Médecins sans frontières, propose ici une petite conférence sur l'humanitaire, pourquoi, comment. Il explique surtout en quoi la question humanitaire est loin d'être simpliste et que la bonne conscience ne suffit pas. En quoi aider peut parfois causer plus de mal que de bien, en quoi la projection de nos idées occidentales - ou en tout cas françaises, ne sont pas adaptées à d'autres pays. Où commence et doit ou peut s'arrêter l'action humanitaire, là où la légitimité du "bon humanitaire" est discutable au regard de celle des "politiques" (en revenant au sens grec du terme à mon sens). Un ouvrage fort court et qui n'entre pas dans les détails mais un bon moyen de se poser des premières questions sur l'aide, qu'elle soit au développement ou non. Ainsi, qu'est-ce que le développement ? Notre modèle est il à exporter ? Qu'attendre de bon de la sainte croissance et la toute puissante technologie de la néoorthodoxie mondiale ? Autant de thèmes que Brauman n'aborde pas mais qui méritent toute notre réflexion.

L'Afrique - Hélène d'Almeida-Topor

Collection idées reçues
Editions Le Cavalier Bleu
Septembre 2006

Salutaire entreprise que cette collection "idées reçues" des éditions du Cavalier Bleu. Et encore plus salutaire ce travail sur l'Afrique, égérie des idées reçues. Où l'on se surprendra soi-même à se dire que, oui, l'Afrique est un continent composé de multiples états, de multiples peuples, un continent qui ne permet la généralité. Hélène d'Almeida-Topor éclaire ainsi à travers de multiples accroches un certain nombre de sujets ("La colonisation a exploité l'Afrique", "L'Afrique vit dans la pauvreté, sous la menace de la famine et de la maladie"...). Un bon moyen d'une première approche de ce continent, même si on regrette quelquefois que le propos ne s'étende pas plus. Un très bel appendice "pour aller plus loin" permet cependant de découvrir une belle bibliographie.